Un article qui fait suite au prédédent 🙂 En tout logique !

Sans vous refaire ma vie depuis 15 ans (eh oui, 15 ans cette année que j’ai décidé de changer de vie pour devenir éducatrice canin ! Et toi là-bas, je te vois en train d’essayer de calculer mon âge !), un des moteurs qui m’a toujours poussée dans ce métier, c’est d’analyser et favoriser ce qui fait la richesse d’une relation entre un humain et son meilleur pote canin.

Ma légendaire Pampa
Ma “légendaire”  Pampa

C’est pour ça que j’ai commencé en 2003 par des balades/cours collectifs en forêt avec mon ami et formateur Alain (Lambert), c’est pour ça qu’on a créé ensemble en 2005 le club d’agility de la SPA de Gennevilliers, c’est pour ça qu’une fois à Lyon, en 2007, j’ai imaginé le club des acropattes, puis acropattes senior, c’est pour ça que j’ai organisé des événements comme Complice’Cité (la fête du chien complice), c’est pour ça que j’ai inventé les stages « Confiance » en 2008, la colo en 2010, la classe de mer en 2013…

Ma première "fête du chien complice"
Ma première “fête du chien complice”

Et c’est aussi pour ça que je me suis tournée vers les sports canins. Pas pour la compétition. Pas pour l’adrénaline. Pas pour la technicité. Mais pour ce qu’ils pouvaient apporter à la relation maître/chien dans la vie de tous les jours.

Quand je parle de relation, je parle bien sûr d’affection, d’attachement, de confiance et de complicité, mais je parle aussi de tous les aspects un peu moins glamours qui sont essentiels à une bonne relation de confiance : l’attention (mutuelle), l’écoute (mutuelle), la capacité de concentration (mutuelle), la gestion des émotions, de l’impulsion (eh oui, ça aussi ça doit être mutuel). Des aspects qui vont demander quelques connaissances en “techniques” éducatives très utilisées en sport.

Parce que si on y réfléchit bien, qu’est-ce qu’un (bon) chien de sport, sinon un super chien de compagnie ? C’est Denise Fenzi (éducatrice et compétitrice américaine) qui a dit ça un jour lors d’un séminaire, et ça a été pour moi une révélation. J’ai compris pourquoi j’aimais tant les sports canins. Un bon chien de sport, ce n’est pas un chien robot. Ce n’est pas un chien puissant ou rapide. Ce n’est pas un chien formaté. Un bon chien de sport, c’est un chien de compagnie capable d’avoir une interaction de qualité avec son maître en milieu hyper stimulant : musique, public, acclamations, micro, stress du maître, hotdogs et buvette, chiens partout. Et tout ça avec un taux de renforcement (récompenses/minute) très faible. Sauf que bien sûr, c’est l’activité-même qui est devenue un renforcement, par un système à la fois naturel et complexe de transfert de valeur.

Oui, c’est pour ça que j’aime les sports canins. Pas pour la performance, mais pour la finesse qu’une bonne performance demande dans la relation de tous les jours avec son chien. Et dans l’éducation. Un chien de sport sait (ou est sensé savoir) se mettre dans un cocon avec son maître en n’étant pas perturbé par l’environnement pendant plusieurs minutes. Et s’il était capable de faire ça en dehors du sport ? De pouvoir rester attentif en balade lorsqu’on traverse un troupeau de vaches en Ardèche ? Ou en ville comme l’autre jour, quand, pendant un tournage, un troupeau entier de segways nous est passé sous le nez alors qu’on faisait du roller ! Est-ce que ça n’en ferait pas un super chien baroudeur ?

La vidéo du bêtisier de notre tournage, avec en vedette le troupeau de segway ! (Cliquez ici pour voir la vidéo entière, sans le bêtisier) Remarquez que je n’ai pas de friandise dans la main. Yopp me regarde juste si intensément car il a envie de recommencer à jouer et courir avec moi. (Je ne lui demande pas non plus de me fixer. Il est tout à fait libre de regarder passer les segways s’il le veut ou si ça le rassure. Mais visiblement, il n’en a pas peur et veut juste recommencer à jouer)

Le chien de sport sait (ou est sensé savoir) cibler des objets avec ses pattes, ne serait-ce que pour sa préparation physique. Pourquoi ne pas s’en servir pour apprendre au chien à rester sur le trottoir, rester sur la terrasse le temps de faire entrer les invités dans le jardin ? Est-ce que ça n’en ferait pas un chien de famille super fiable ?

Voici une vidéo d’apprentissage de Yopp quand il était petit : ne pas descendre du trottoir. Que ce soit le trottoir, un tapis ou une table d’agility, même combat !

 

Un chien de sport sait (ou est sensé savoir) rester calmement à sa place pendant les temps d’attente. Quel atout magnifique pour amener le chien au restaurant ou au café pendant qu’on boit un verre avec ses amis ! Est-ce que ça n’en ferait pas un super chien patte-partout ?

Yéti attend son tour pendant un stage
Yéti attend son tour pendant un stage
Yopp, 4 mois et Pampa , 14 ans, patientent pendant que je donne un cours
Yopp, 4 mois et Pampa , 14 ans, patientent pendant que je donne un cours

Attention, je n’amènerais pas les chiens au café ou dans les magasins pour le plaisir ; mais quand je vivais à Paris, j’aimais retrouver des copains à la buvette du Bois de Boulogne. Alors pourquoi ne pas coupler ça à une belle balade au bois ? Si mon chien sait se tenir tranquille, pourquoi le priver de balade à cause d’une buvette ? Ou pourquoi me priver de buvette à cause d’une balade ? Votre chien n’est pas votre boulet, c’est votre meilleur pote  !

Et les exemples sont encore nombreux ! Tout ça, c’est possible ! Si on arrête de considérer le chien de sport uniquement comme un animal de performance à moitié taré ou robotisé. Et si on arrête de limiter intellectuellement et “psycho-motriciellement” le chien de compagnie ! Si on généralise ces apprentissages, qu’on en fait une philosophie de vie, on obtient le meilleur chien “pattes-partout” du monde !

Yéti et Yopp (1 an) attendent dans un magasin
Yéti et Yopp (1 an) attendent dans un magasin

Vélo, métro, train, bateau, téléphérique, conférence, ferme avec poules en liberté, bureau, montagne, magasin, océan, balade à cheval, fête du village, maisons de retraite, école, réunion de famille… Mes chiens sont capables de me suivre partout. Je ne les emmène pas partout, car parfois, ça ne serait pas leur rendre service. Et parfois la vie d’humain n’est pas passionnante pour un chien. Mais s’il se trouve qu’ils sont là, si aucune interdiction légale ou aucun risque physique (milieu dangereux, températures extrêmes) ne m’empêche de les prendre, et s’ils ne gênent pas les autres humains, je m’inquiète rarement de savoir s’ils pourront suivre ou pas ! Je leur fais confiance. Ils me font confiance.

Alors certes, mes chiens sont bien loin d’être parfaits ! Ils sont leurs aspérités et leurs failles qui les rendent si parfaits à mes yeux (“love your perfect imperfections”) ! Mais la confiance, c’est le ciment de la relation.

 

Yéti en démo dans un salon
Yéti en démo dans un salon

Nos chiens de sports n’ont pas deux vies : celle sur le terrain et celle sur le canapé. Ce sont les mêmes chiens, ils n’ont qu’une vie. Les beaux câlins de la maison doivent se retrouver sur le terrain, et la belle coopération du terrain peut encore être présente à la maison et en balade !

Petit câlin de fin de compète en frisbee
Petit câlin de fin de compète en frisbee

Si je considère mon chien de sport et mon chien de compagnie comme un seul et unique chien, ou si j’éduque mon chien de compagnie comme un chien de sport,  je lui offre une vie complète, moins schyzophrène, pleine d’escapades en liberté, de riches échanges, de découvertes, de moments tendres et calmes, et de petites pointes d’adrélaline pour apporter un peu de piment !

Yopp et Spliff en route pour les championnats d'Europe de frisbee
Yopp et Spliff en route pour les championnats d’Europe de frisbee. Life is beautiful !

Je remercie donc Denise Fenzi pour cette épiphanie : le chien de sport n’est qu’un super chien de compagnie ! Qu’on se le dise ! Tout chien de compagnie gagnerait à être éduqué comme un chien de sport. Il n’en serait que plus fiable, et donc plus libre.

Yopp et Yéti en balade libre mais connectés
Yopp et Yéti en balade libre

Si vous êtes intéressés, j’organise plusieurs types de formations sur le thème