Déjà, dans l’intitulé de cette question, on a un petit souci, c’est qu’il n’y a pas vraiment, à ma connaissance, de définition scientifique de ce qu’est une « bonne relation », peut-être encore moins entre un humain et un animal.

Alors je vais me lancer dans un article totalement incomplet, spontané, et tenter de donner une définition très subjective et uniquement issue de mon expérience d’éducatrice et propriétaire de chiens. Sans doute que d’autres personnes en auront une autre vision.

Je vais peut-être commencer par ce que n’est pas forcément « une bonne relation »

Avoir une bonne relation avec son maître, ça n’est pas

Yopp, ici, est hyper mignon. Mais le fait qu’il colle Magali montre plus qu’il est opportuniste et aime le contact qu’une relation profonde

Je dirais que la relation maître/chien se voit principalement

Mais comment construire une relation ?

Tout d’abord, pas de panique, ça n’est pas parce que vous n’arrivez pas à calmer votre chien à la voix lorsqu’il aboie comme un fou ou lorsqu’il tremble de peur que vous avez une mauvaise relation avec lui. Parfois l’émotion est juste trop forte. Mais je pense sincèrement que plus la relation grandit en années, plus elle prend du poids. Donc à la question comment construire une relation forte, ma première réponse serait de laisser le temps au temps. On a une relation plus forte avec un chien de 7 ans qu’avec le même chien à 10 mois, et c’est bien normal !

La relation est aussi le fruit de la somme des expériences vécues avec le chien. Son historique avec vous est-il majoritairement positif ou négatif ? C’est pourquoi, selon moi, il est très important, les premiers mois/années de vie commune, d’être le plus positif possible (dans son attitude, son intonation, sa gestuelle, ses postures, par l’utilisation de renforcements comme la nourriture ou le jeu, par sa bienveillance…).

Si depuis des années, vous alimentez votre compte en banque relationnel en ajoutant 10 euros à chaque interaction positive et en en enlevant 20 à chaque négative (parce que le négatif marque toujours plus que le positif), et que 9 interaction sur 10 avec votre chien sont positives, votre compte finira par être bien plein. Vous pourrez vous permettre de faire un faux pas et perdre 20 euros sur un compte de 2000 euros parce que vous aurez râlé une fois. En revanche, si 1 interaction sur 2 est négative (on râle parce qu’il a volé un torchon, on crie parce qu’il ne revient pas, on le brosse de force, on le caresse alors qu’il n’a pas envie, on le laisse se faire harceler par d’autres chiens dans les parcs, on lui apprend à nager en le jetant dans l’eau, on le presse parce qu’il ne veut pas s’asseoir…), le compte en banque va vite passer en négatif. Et remarquez bien qu’il n’est pas besoin d’être une brute pour ça. Râler en permanence, ne pas respecter les émotions de son chien, lui forcer la main régulièrement, peuvent suffire, même si on utilise des friandises pour le faire s’asseoir ! Et bien que certains chiens soient particulièrement, incroyablement, fantastiquement résilients, forcément, la relation profonde s’en ressentira si nous-mêmes, nous sommes dans un état d’esprit négatif/conquérant/méprisant/exigeant…

Je dirais enfin que pour construire une belle relation, il faut trouver un juste milieu entre l’instauration des règles de vie, qui sont obligatoires lorsque l’on vit en société, et le respect des envies et de la personnalité du chien. Lui donner le plus possible d’occasions de choisir ce qu’il veut faire, prendre en compte ses émotions, besoins et envies lorsqu’on le manipule (d’où l’importance de mettre en place des soins coopératifs ou low stress), respecter le rythme d’évolution qui lui est propre (certains chiens mûrissent plus vite que d’autres), l’accepter comme il est (ça ne veut pas dire ne pas l’éduquer ni l’aider à évoluer, mais accepter sa personnalité), tendre vers le moins de stress possible dans les apprentissages (je ne suis pas sûre de croire en l’apprentissage sans erreur. Mais au moins, respecter la personnalité, le rythme, l’émotion de son chien lors des apprentissages, me semble primordial)

Enfin, et cette partie m’est assez personnelle, puisque plein de gens ne vivent pas comme ça avec leur chien et ont sans doute aussi une bonne relation, je trouve que le fait de « faire des trucs » avec son chien renforce notre lien. Peut-être aussi parce que c’est ce que moi, j’aime faire. Et que si, égoïstement, mon chien participe à mon délire, je vais être plus contente, donc plus positive, donc plus agréable et intéressante pour lui. C’est assez égoïste, tout ça, mais qui a dit que le « je » ne comptait pas dans le « nous ».
Quand je dis faire des choses, ça peut-être toutes sortes d’activités, juste le fait de partager des moments ensemble : du sport, du clicker, de la recherche, des jeux, des parties de chasse communes, des séances de relaxation, des randos, des massages, du medical training… Bref, autre chose que de faire une caresse à 9h, lancer la baballe à 17h, faire un tour de pâté de maison en laisse, et le laisser végéter dans le jardin le reste du temps.

En règle générale, je n’aime pas du tout mettre la faute sur le dos des maîtres, accuser les propriétaires en leur disant que toute la responsabilité est de leur côté, ce qui est d’ailleurs très souvent faux. Mais je dois bien avouer que pour ce qui est de la relation, la plupart des chiens (je dis bien la plupart, pas tous) sont plutôt enclins à se laisser embarquer dans nos délires et à tisser un lien. Et souvent la balle est un peu dans notre camp. Mais je sais bien que rien n’est si facile. Parfois, il est tout simplement très difficile d’accorder deux personnalités. Parce que ce sont bien de deux personnalités, deux individualités, que nous parlons. Un chien peut avoir un tempérament, des envies, des besoins difficiles à accepter pour son maître. Et inversement, le tempérament, les envies, le mode de vie du maître peuvent être compliqués à assumer pour le chien. Mais malgré ça, il faut bien se dire que c’est plutôt nous qui avons les cartes en main. Parce que s’il y en a un des deux qui peut essayer d’évoluer pour que ça colle mieux, c’est bien l’humain… Le chien, souvent, ne nous a pas choisi. Il est lui-même. Il fait ce qu’il peut. C’est à nous de faire en sorte que ça matche. Et je vous assure que c’est possible (la plupart du temps, en tous cas). Ca n’est pas toujours facile. C’est souvent long. On a parfois besoin d’aide. Mais c’est possible.